Que dire de mieux, pour la définir, que le quotidien de Maryse Arditi se confond avec la multiplicité des luttes qu’elle a menées et qui scandent encore ses jours. Où remonte ce goût de la révolte contre les injustices ? À ses ancêtres grecs et turcs ? À cette leçon d’histoire sur les coups d’Etat que fit à ses élèves, au lendemain du 13 mai 1958, un professeur passionné ? À mai 1968 qui ouvre de multiples perspectives à la jeune spécialiste en physique nucléaire qui, pionnière, sa thèse en poche, après un séjour de six mois à la prestigieuse Université de Berkeley, aux USA, entreprend de consacrer ses recherches au solaire ? Toujours est-il qu’à Paris, en 1973, lors du grand colloque « Le soleil au service des hommes », Maryse Arditi, profitant des premiers appuis à la formation professionnelle, met en place des ateliers technologiques sur l’énergie solaire, concrétisant quelques années plus tard, avec son compagnon, son rêve de maison déconnectée du réseau d’EDF, à l’aide d’une éolienne et de panneaux solaires. Très vite, leur maison de Montséret deviendra un lieu d’attraction pour tous ceux qui, dans le monde entier, se préoccupent des nouvelles énergies et en font ainsi quasiment un lieu de pèlerinage où nourrir leur savoir. Les plaisirs de la découverte ne sauraient suffire, s’ils ne s’accompagnaient pas, immédiatement, d’un engagement social autour de la protection de l’environnement et plus largement de l’écologie. Ainsi, en 1988, c’est la création d’ECCLA (Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et du Littoral Audois) et les prémisses de multiples combats, de multiples procès, presque tous gagnés contre les malversations éventuelles des institutions locales ou régionales en matière d’urbanisme, sans se soucier des étiquettes politiques des uns et des autres. À l’expérience, la militante passionnée sait aussi se faire foudre juridique pour mieux parvenir à ses fins. Et, peu à peu, en même temps que la reconnaissance des idées, c’est celle des actions, et les mandats électoraux qui en découlent. L’écologiste portera le fer aussi bien comme élue municipale à Narbonne que comme vice-présidente au Conseil Régional Languedoc-Roussillon, sans oublier l’engagement politique chez les Verts, de 1985 à 2007, et les missions nationales qui l’accompagnent. Appelée à des fonctions prestigieuses, comme la présidence de l’INERIS (Institut National de l’Environnement et des Risques), elle n’oublie jamais les causes locales et, qui plus est, elle ne limite pas ses actions à la seule écologie. Engagée depuis toujours dans les batailles féministes - elle est une des signataires, en 1971, du « Manifeste des 343 salopes » qui déclarent avoir avorté une fois dans leur vie. À Narbonne, elle se bat pour que les enfants étrangers puissent participer aux « conseils municipaux des enfants »…
Entre deux voyages, entre deux débats, toujours entre deux luttes, la militante prend cependant le temps de s’enchanter des charmes de la diversité d’une Narbonnaise dont, depuis toujours, elle défend l’intégrité et la richesse paysagère.