Jean Costadau
La traversée des utopies

De péripétie en péripétie, de saison en saison, le regard semble toujours fixer au présent la mouvance d’horizons indépassables déclarés en autant d’expériences. Ainsi la succession des moments de la vie donne-t-elle le sentiment chez Jean Costadau d’une mosaïque de multiples traversées dont le filigrane donne autant le sens qu’il l’obscurcit. Avec, fondamentale, la rupture du joli mai de 1968 et son irrigation fertile, l’ouverture à de multiples expériences qui débuteront par l’organisation d’une communauté puis la création, à Toulouse, d’une libraire alternative au succès aussi important que les attaques dont elle fut l’objet. La nécessité fit aussi du physicien, du chercheur, un enseignant passionné par la discipline, mais assez vite découragé par les aspérités du système pour se transformer en directeur de Maison des Jeunes et de la Culture. La voie désormais était toute tracée et, malgré quelques années consacrées au monde de la détection satellitaire, la multiplicité des activités culturelles allait prendre la meilleure place. Au point qu’il est possible de se demander quel champ a échappé à la curiosité de l’acteur. Il est en même temps cheville ouvrière d’une exaltante aventure théâtrale, initiée par le Parc naturel régional, qui fait se rejoindre jeunes troupes en résidence et amateurs de tous âges autour d’improvisations à la Pina Bausch. Quelques années après se succèderont ou s’enchevêtreront divers ateliers autour de la création, de la lecture, de l’écriture… avec depuis plusieurs saisons la mise en place de Ecrire en mai, expérience originale d’ateliers d’écriture où indigènes et amateurs travaillent en compagnie d’un écrivain reconnu, Charles Juliet comptant parmi les derniers invités.
Plus singuliers, plus personnels d’autres essais tiennent de l’aventure solitaire comme les grandes sculptures de vase érigées à partir de la boue de l’étang durcie au soleil ou cuite dans des fours. Le dessin aussi avec le pari, à la veille de l’an 2000 de dresser, en une vaste galerie, le portrait de tous les habitants du village. Et bien d’autres, éphémères, oubliés… Mais, au-delà des apparences erratiques, se dessine le clair-obscur de points forts où se lisent les exigences et les désirs. Et tout d’abord le lieu : Bages. Sans doute rien n’aurait pu se passer sans ce petit territoire conquis au long des décennies, offrant l’harmonie indispensable de son cadre où la pérennité du vent et de l’étang commandent l’ordre des jours. L’esprit ensuite qui anime toutes les entreprises, le passage permanent de l’oblatif, du partagé à la réflexion personnelle et érémitique. La volonté d’avancer sans entraves, sans apprentissages infinis, sans maîtres intolérants pour laisser place à l’irruption aux formes préalablement incertaines de la création. Sentiments que dominent toujours la règle essentielle et fondamentale de la recherche, de l’exploration sans fin du champ des possibles. Ainsi va, Jean Costadau, homme aux semelles de vent, arpenteur solaire et défricheur impénitent d’orées qui ouvrent autant de chemins vers l’imaginaire.

Contact
jeancostadau@free.fr


texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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