Des langueurs et des houles océanes jusqu’aux émerveillements plus paisibles de la Méditerranée qui enchantèrent plus tard le meilleur de ses jours, la mer reste pour Jacques Hiron la complice la plus fidèle, indéfectible dans l’incertitude des saisons. Ce monde il le fit sien de multiples façons, tantôt découvrant comme plongeur, puis praticien chevronné de pêche sous-marine, les fonds les plus cachés, tantôt visitant les épaves qu’il recèle, tantôt y navigant de façon plus classique. C’est aussi à la mer que le jeune normand doit, en partie, la réussite de son intégration à l’univers de Leucate. En effet, passé le coup de foudre qui fit se reconvertir l’agent d’assurances en gestionnaire immobilier sur cette côte s’apprêtant alors à accueillir au mieux les touristes, il se transforma aussi en ostréiculteur partageant le labeur aussi exaltant que difficile des travailleurs locaux qui le pratiquaient, devenant ainsi, peu à peu, un des leurs.
Puis, plus tardivement, parallèlement aux divers métiers pratiqués avec bonheur, surgit une nouvelle passion, l’écriture. À force d’observer le monde dans lequel il vivait, d’en écouter les récits des acteurs, cédant aussi à un goût pour la collection qui lui fit accumuler de précieux documents, Jacques Hiron se transforma en chantre de Leucate, dévoilant à travers plusieurs ouvrages, ses légendes, son histoire et la saga de son quotidien. Reconnu très vite comme tel, personnage incontournable, il fut chargé plusieurs années durant de la communication à la mairie de Leucate, se fit aussi chroniqueur de la presse régionale, multipliant articles, romans, travaux érudits, conférences. Cette découverte de la diversité des chemins de l’écriture lui fit donc traverser tous les genres littéraires, le conduisant même à se faire acteur d’une création qu’il n’avait jamais connue qu’à travers une passion ancienne, remontant à l’enfance, la bande dessinée. Ainsi à travers plusieurs albums, en collaboration avec le dessinateur Jean-Michel Arroyo, naquirent plusieurs albums dont La foire aux frisés et la série, désormais classique, sur Le paquebot des sables, consacrée au Lydia. Mais, romans classiques ou graphiques, l’auteur, profitant de l’étendue de ses connaissances ou allant à la recherche de ce qu’il ignore encore, privilégie toujours le réel, s’inspirant de faits avérés pour mieux y ancrer sa fiction.
Parallèlement il s’adonne aux plaisirs de la tintinophilie, renouant avec les rêveries les plus anciennes. Collectionnant tous les documents, albums, images, objets…qui en constituent l’univers il est donc devenu un très grand spécialiste de Tintin, livrant par exemple de savantes études sur les métamorphoses orientales du personnage, publiant plus de cent notices, accompagnant une maquette, sur Le trésor de la Licorne, inventant en l’honneur du personnage des Carnets de Syldavie… Globe-trotter impénitent, tel le petit reporter, il fait ainsi de Leucate, entre mémoire et imaginaire, le lieu d’une création aussi multiple que fertile.