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Pedro Soler

Dans les chemins du vent et de la nuit.


De Narbonne ne subsiste que le souvenir du jardin merveilleux ou le jeune enfant jouait les Tarzan et surtout le majestueux Palais du Travail, commandé à son père, l’architecte Joachim Génard. Puis très vite ce fut Toulouse, l’immersion dans la petite colonie des républicains espagnols en exil, l’entrée dans un royaume celui du flamenco et surtout le début d’une passion inextinguible pour une musique qui allait consumer sa vie entière faisant oublier très tôt les études d’architecture auxquelles le destinait son père. Très vite aux aventures de la petite troupe fondée pour la circonstance succède un long et patient apprentissage avec les meilleurs maîtres espagnols dont Pepe de Badajoz. Le jeune musicien, d’abord comparse comme troisième guitare, accompagne ensuite les meilleurs comme Jacinto Almadén et les rencontres avec les danseurs comme la Joselito, les maîtres de chant Pepe de la Matrona et Juan Varea, se multiplient pour un guitariste que les mieux ancrés dans la tradition, au plus profond de l’Espagne, reconnaissent vite comme l’un des leurs, soit un virtuose qui est aussi un amoureux fasciné par la force et les mystères du flamenco.

En effet, des mois et des années durant, Pedro Soler entreprend de parcourir les arcanes de cette musique, totalement envoûté par ce cri guttural, primitif, venu certainement de l’Orient et qui au passage brasse les traditions arabes, méditerranéennes… Partout c’est le même sentiment qu’il exprime, à la fois de supplication et de colère devant la mort, semblable à celle du torero qui offre un bref instant son corps sans défense à la bête, de silence toujours combattu, de révolte cotre la soumission des dieux aveugles. Mais aussi imploration et  gratitude pour les joies des nuits profondes, hymnes aux chemins de poussière les plus lumineux. Tissant sa voie dans l’enchevêtrement des modes et des sons Pedro Soler donne alors à lire la variété fertile du monde, celui des gitans indomptés, mais finalement de tous les hommes épris de liberté et de connaissance. Le parcours ne fut jamais solitaire, car aux plus grandes voix, aux doigts les plus habiles qui font la légende du flamenco, le musicien sut joindre d’autres voix, celles des poètes comme Federico Garcia, celles des comédiennes telles Germaine Montero ou Maria Casarès, et celles de tous les autres, chanteurs et guitaristes fabuleux comme le fidèle compagnon Atahualpa Yupanqui ou le vocaliste basque Beñat Achiary. Maintenant, dans une collaboration toujours aussi fructueuse avec son fils, le violoncelliste Gaspar Claus, Pedro Soler a entrepris de mettre en écho territoires de la musique traditionnelle, flamenco, sévillanes… et espaces de la création contemporaine ou lointaine, toujours à la recherche de ces clés qui sont au cœur mystérieux de la musique. 

Et, pour mieux nourrir l’aventure, après les voyages dans tous les continents, la reconnaissance unanime des plus grands, demeure, dominant la mer et l’aridité des pentes de Banyuls le mas, la vieille bergerie restaurée par son père, thébaïde naguère isolée dans les vignes qui offre parfois au visiteur l’éphémère fleur fragile de ses agaves.      

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