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Michel Tozzi

« Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire… »


Par son œuvre, la richesse et la diversité de ses interventions dans le domaine philosophique, Michel Tozzi n’a-t-il pas fait sienne, au mieux, cette ambition de Diderot ? Très tôt en effet le jeune professeur découvrit combien étaient mal armés afin d’une réflexion critique sur le monde des adolescents pour qui la philosophie, qu’ils ne rencontraient que quelques mois en fin de scolarité, n’apparaissait que comme un pensum fastidieux. Refusant toute résignation l’enseignant entama une réflexion pour faire échapper la discipline au carcan compassé et aux horaires congrus auxquels elle était vouée, démystifiant, ce faisant, son aura convenue à laquelle restaient attachés nombre de ses confrères. De lectures en rencontres, il partit à la découverte de nouvelles approches dont l’une se révéla particulièrement féconde, l’apprentissage du questionnement philosophique dès le plus jeune âge, à la naissance de la parole et de la communication chez l’enfant. Certes le pionnier rencontra des penseurs éclairants, mais il sut aussi très tôt mesurer l’importance de la pratique, de la mise en application en liaison avec de nombreux maîtres d’école. Et avec les années le professeur de lycée se transforma en guide incontesté quant aux nouvelles manières d’enseigner la philosophie, intégrant l’Université une fois sa thèse soutenue. Parcours brillant qui s’assortit d’une reconnaissance internationale, Michel Tozzi étant choisi comme expert par l’UNESCO, qui lui fait multiplier l’organisation de colloques, les ouvrages, les communications dans les revues scientifiques (plusieurs centaines à ce jour…). Dès lors tout ce qui compte dans le monde de l’enseignement, en particulier les formateurs des professeurs d’école aujourd’hui en a fait un  modèle, reconnaissance due aussi à sa générosité et son sens de l’écoute.

            En effet le maître en ce cas n’est pas un cacique et ses interventions dépassent largement le cadre de l’école : cafés et ateliers philo, Université populaire de Septimanie puis de Narbonne dont il fut le fondateur, animations dans les maisons des jeunes…tous les lieux, toutes les occasions lui sont bonnes pour expliquer que la philosophie doit être l’affaire de tous, que la reconnaissance de l’autre, le rôle de chacun dans la Cité ne sont que le fruit d’une réflexion sur l’être au monde. Ainsi, selon lui, le philosophe n’est pas un oracle impassible et lointain, mais, un maïeuticien attentif, un compagnon des hommes parmi les hommes qui partage leurs questions leurs souffrances comme leurs désirs et qui se donne pour but de les aider à mieux les comprendre ou à mieux les formuler.

            Mais sans doute tout ce parcours se nourrit-il -et peut-être y trouve-t-il aussi son secret- du charme discret de Narbonne, du canal de la Robine, des paysages essentiels que le monde lagunaire offre à ses portes, de ses eaux héraclitéennes où le philosophe aime à  naviguer et à se baigner comme jadis les Grecs installés là, ceux-là mêmes qui nous apprirent à penser.

 

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