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Bertrand Bayle
Cheminements polyphoniques

Sans doute Euterpe et tous les dieux de la musique ont-ils conjugué leurs efforts pour veiller, non sans lui ménager des surprises, au destin de Bertrand Bayle en lui faisant abandonner, d’abord, des études médicales pour la guitare. Premier choix difficile que de se consacrer à un instrument encore mal connu ou réservé au domaine de la variété. Aussi la tentation eut-elle grande, pour un autre, de profiter des cachets que procuraient l’accompagnement de chanteurs au lieu de passer, avec succès, le concours de l’Ecole Normale de Musique de Paris. Mais la fréquentation, fortuite, de bon nombre de ceux qui, à la suite de Vatican II, allaient renouveler la musique religieuse le pousse à se tourner vers ce domaine où ses premières compositions lui font gagner l’estime de ses pairs au point qu’un grand éditeur, conscient de la diversité de ses talents l’engage pour diriger son catalogue. Cette collaboration de près de quinze ans est aussi propice à la découverte de la musique ancienne et baroque dont les initiés, subjugués par Léonhardt ou Harnoncourt, se partagent les secrets et les délices. C’était sans savoir que les hasards du marché, mettant fin à cette collaboration, ouvriraient la porte à une autre aventure encore plus passionnante, peut-être, puisque, appelé chez Astrée-Auvidis, Bertrand Bayle rencontrait, avant de travailler avec eux durant  de nombreuses années ceux dont la découverte l’avaient fasciné, de Jordi Savall à Blandine Verlet, en passant par Ton Koopman et Hopkinson Smith et bien d’autres…Puis ce fut le triomphe de Tous les matins du monde, l’engouement du grand public pour Marin Marais, les succès de Farinelli ou de Microcosmos, le désir de Placido Domingo d’enregistrer pour la maison de disques.           

Mais, à cet apogée, le directeur de production comblé répond à l’appel d’autres sirènes et prend la direction des services culturels de la région Languedoc-Roussillon, désireux de connaître l’institution de l’autre côté du miroir. L’aventure, parcourant tous les domaines des arts, est des plus riches et elle se poursuivra avec un nouveau pari, la direction enthousiaste du Conservatoire de Musique de Narbonne qu’il quitte en 2009. Dans ce territoire, carrefour depuis l’Antiquité des échanges commerciaux et culturels, le musicien animateur va donner cours à son goût de l’ouverture et des contacts, refusant que l’école, tout en conservant ses dimensions humaines, reste un lieu trop replié sur lui-même. Ainsi va-t-il faire découvrir, avec son équipe, toutes les formes de la création musicale, des plus classiques aux plus contemporaines, sans oublier d’enseigner, inlassablement, les vertus cardinales de l’humilité et de  la persévérance propres à la discipline.

De dilemmes en fugues émaillées de passions, de fructueuses rencontres en fulgurantes occurrences, la trajectoire de Bertrand Bayle dessine ainsi la singulière et mouvante mosaïque d’un esprit asservi à la seule curiosité de la musique, des paysages, et de l’activité des hommes.   

CONTACT :

bertrand.bayle54@orange.fr

texte écrit par Jean-Pierre Piniès


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