Au départ, avant leur rencontre, il y eut pour l'une la passion effrénée du sport, de tous les sports, pour l'autre les périples aventureux et infinis au long de serres et des garrigues avant la fascination pour le monde inconnu, sous la terre, que seuls quelques orifices à demi-embroussaillés révélaient. Suivirent les premières explorations, les premières descentes en casse-cou, périlleuses et incertaines, les chutes accidentelles de cordes, les remontées physiques à goût d'adrénaline, le tâtonnement dans les galeries à la lampe de poche, les fatigues intenses après des heures de déambulations à travers chatières et boyaux… en somme les plaisirs, les joies et l'émerveillement que génère l'aventure spéléologique.
Puis, au fil des saisons, ce fut l'apprentissage de plus en plus rigoureux de la discipline et l'élargissement du champ d'investigation. Aux premières grottes du territoire de la Narbonnaise, dont la disparue "grotte des cristaux", succédèrent les descentes dans tous les grands sites français puis ibériques avant les expéditions dans les solitudes glacées de l'Europe du Nord. Dès lors les plaisirs toujours renouvelés de la découverte, de l'exploit et du surpassement, firent aussi leur place à l'acquisition et à l’approfondissement des connaissances. A l'exaltation du corps répondit l'excitation intellectuelle que procurent les nouvelles tâches que se sont fixées les spéléologues. Une bonne part des longues heures passées au fond sont consacrées à des relevés topographiques, à la construction de coupes, de plans et de dessins. Viendront ensuite la photographie et l'initiation aux techniques particulières que requièrent la prise de vue souterraine, les études et les collectes concernant la flore et la faune du monde chtonien. Au point que, devenus des déchiffreurs et des érudits du monde d'en bas, de l'inconnu du cœur de la terre, nos spéléologues se sont transformés en consultants incontournables pour les grands travaux de surface prévus au-dessus des grandes cavités : autoroutes, lignes EDF, itinéraires de TGV…
Toujours partagée, des copains de l'enfance au couple, en passant par la fréquentation assidue des clubs, essentielle, l'aventure n'est jamais solitaire. Elle est toujours faite de rencontres, d'échanges, nationaux et internationaux dans une convivialité sans cesse renouvelée qui est un des caractères fondamentaux de la pratique. Un autre trait du parcours de Yannick et de Jean c'est le mouvement altruiste, la restitution et la transmission du savoir et de l'expérience. Dans les clubs ils ont assumé toutes les fonctions, gravi tous les échelons, trésorier, secrétaire, formateur, responsable de groupes, ils connaissent tous les rouages du monde de la spéléo. De plus, outre les conférences destinées au grand public, ils ont construit, au cœur de leur royaume, sur la serre de Roquefort-des-Corbières, un beau refuge ouvert à tous et restauré une bergerie, manifestes de leur générosité et des liens étroits qu'ils tissent ainsi entre les mondes de la nuit et de la lumière.
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texte écrit par Jean-Pierre Piniès