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Richard Breton.
Fugaces imaginaires.

Obéir à l’impérieux désir du bien faire, laisser au temps les séquences obscures de la méditation, choisir dans une témérité hédoniste les promesses des sentiers qui bifurquent…autant de mots d’ordre que Richard Breton a fait siens pour donner sel à ses saisons.

Très vite, à peine sorti de l’enfance, il y eut la musique, les lumières de la guitare dans ses répétitions empruntées au jazz, puis la composition avant les tournées. L’aventure fut longue, et elle continue, avec la bonne fortune de groupes divers, « Vivant Quartet », « Pulsion », « Art Trio »…. Mais l’ambition du projet personnel dépasse largement la convivialité et la richesse du jazz pour s’ouvrir, au gré des rencontres et des commandes, à d’autres formes musicales aussi complexes, intégrant les instruments de chambre, ou des compositions symphoniques comme « Botella a la mar », pièce pour instruments catalans, créée par l’orchestre de Perpignan-Catalogne en 1986. Dans d’autres, fusionnant ou se répondant, les textes font un singulier écho à la tessiture sonore et vocale. Ainsi naissent, par exemple, en 1995, la cantate pour chanteuse soprano, piano et récitant, « Le chant de l’aurore », sur des textes de Paul Valéry avec Marie Christine Barrault et Michael Lonsdale ou le « Voyage en Dalilée », concert surréaliste pour chanteuse soprano, récitant, comédienne et orchestre de chambre donné à Narbonne en 1999.

Cette dernière œuvre est d’ailleurs particulièrement éclairante sur d’autres facettes de cet artiste, compositeur, musicien, collecteur (il fut avec d’autres à l’origine du Groupe d’Action et d’Animation musicales qui, de 1977 à 1994 fut un lieu incontournable, par ses richesses, de l’archivage sonore, de la musique aux ethnotextes), enseignant et fondateur d’une école de musique…En effet, inspirée par les tableaux de Salvador Dali, elle reflète une autre passion de Richard Breton, son long compagnonnage avec les arts plastiques. Peinture sur carton, sur papier, sur bois avant d’affronter la toile, jeu avec les matières offertes, de l’huile à l’acrylique, la même recherche de l’émotion, de la découverte et du don commande l’exploration par le plasticien de ces nouvelles voies. Passant du dessin assez figuratif, du portrait à des approches beaucoup plus oniriques, tout au long de ses péripéties son œuvre interroge le sens aussi bien que l’espace où elle se déploie, avant de privilégier, au présent, la nature des traces et les représentations existentielles de la mémoire. D’exposition en exposition, en harmonie fertile avec certains lieux, comme la chapelle des Pénitents Bleus à Narbonne, elle construit ainsi, par ses pans, un précieux territoire méditatif et affectif.

Narbonne, ville de l’enfance et des émois de l’adolescence que le commerce du monde  n’a jamais fait oublier à l’artiste et à laquelle il fait un clin d’œil complice dans « Trompes d’Eustache », hommage au cinéaste disparu dont les images émouvantes pourraient servir de contrepoint à la quête infinie de Richard Breton.


Contact

ribreton@wanadoo.fr

04 68 65 27 34

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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