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André Dion, compositeur
Musique contemporaine et convivialité

  Echanger, offrir, partager…autant de règles que André Dion a faites siennes et qui s’éloignent de la perception convenue de la musique contemporaine. Pour lui l’objet sonore est une vieille passion, forgée dans la curiosité et la liberté que lui donnèrent des parents musiciens, admirateurs de Varèse, puis frottée longtemps au monde du théâtre. Il se tourne ensuite vers l’électroacoustique, selon le mot de Pythagore qui, caché derrière un rideau et dans l’obscurité, demandait à ses élèves de se concentrer sur son seul discours. A son tour, loin des fastes spectaculaires, l’acousmaticien laissera dans l’ombre voire dissimulera les sources de la matière sonore pour mieux mettre en relief tout son éclat.   

Le lieu d’exercice et de méditation, Lézignan puis la Narbonnaise entière, tient d’abord au hasard des tournées avant de devenir l’objet d’une véritable fascination pour ce pyrénéen d’origine. Là, il fonde le Greca (Groupe de recherches et créations acousmatiques*), là sont écrites les grandes créations, mais là aussi se font sentir le manque et les limites d’une entreprise solitaire qui ne trouverait sa raison que dans la reconnaissance de ses pairs, créateurs contemporains rassemblés pour la plupart dans les institutions parisiennes. Les termes du dilemme fondateur sont posés : écrire, composer pour soi, pour la célébrité incertaine de l’œuvre, ou bien partir vers le public, lui ouvrir des territoires inconnus, l’initier et partager de nouvelles émotions. Toute la trajectoire d’André Dion tient en fait dans cette tension, dans le passage permanent de la méditation personnelle et de la création à la mise en espace de la musique souvent dans les campagnes ou de modestes villages. S’égrène alors une série d’aventures, souvent partagées avec d’autres musiciens comme Laurent Cavalié : les premiers concerts en chaises longues où le public, invité au repos et au confort pouvait s’abandonner à la traversée des sons, « Musiques vives », les représentations diverses, les festivals, dont le dernier en date, « Son MiRé, Journées Haut-Parlantes », à Fabrezan depuis plusieurs années.

Au fur et à mesure de ses péripéties la trajectoire croise un regard essentiel, celui de l’anthropologie, qui affine la démarche et précise son sens. La musique se pense dès lors toujours dans sa double dimension de composition mais en même temps, et surtout, de restitution. Comment approcher l’autre, celui qui ne connaît pas, qui n’a pas le bagage musical, comment l’amener aux sources en dehors de sentiers mélodiques battus, mais aussi faire comprendre au même, à ses compagnons en création que la musique n’existe que dans ce double mouvement ? D’inquiétudes et de déboires en succès ou en gratitude, ces questions nourrissent un répertoire singulier nourri de confrontations originales tel ce Cûchulainn, qui mêle les cris de jeunes rugbymen à l’entraînement à la psalmodie d’un locuteur gaulois, jeu d’échos où le créateur déploie, dans l’émerveillement, le sens et la force symbolique de son œuvre.      

* musique acousmatique = créée pour haut-parleurs.

Créations :

- Étude) pour trompette et bande électroacoustique, (prix Sacem 1997).

- Aucassin et Nicolette, opéra électroacoustique, Wien et Musée  de Cluny, 2002.

- Requiem, les 7 visions, temple de Pentémont, Paris, 2005.

- Le Dernier Sonnailleur, pièce pour voix d’hommes et bande électroacoustique, Luz-Saint-Sauveur, 2006.

- Cûchulainn, premier mouvement de la Symphonie Indo-Européenne, pièce électroacoustique, Radio-France, Paris, 2007.  

CONTACT :

GRECA BP 30  11200 Lézignan-Corbières

06 78 77 12 44
andredion@aliceadsl.fr
Site : http://www.sonmire.org/

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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