A l’orée de son imaginaire, dans l’ombre de sa discrétion, veillent sur le vin de singuliers gardiens, les œnologues. Ainsi des Dubernet qui, à Narbonne, depuis trois générations, participent à la construction de la nouvelle image du vin. Privilégiant la recherche, l’innovation, les rencontres humaines, à la quiétude d’une carrière universitaire classique où leur savoir était déjà reconnu, ils ont fait de leur laboratoire de la Narbonnaise un haut lieu de pratique et de prospection. Mais le territoire qu’ils arpentent, le creuset de leur regard, est bien plus vaste, à l’échelle du monde, de toutes les régions du monde qui pratiquent la culture de la vigne au moins. C’est ainsi la curiosité et le savoir de ces encyclopédistes du monde viticole qui les a fait reconnaître comme interlocuteurs incontournables, consultants écoutés par toutes les instances agricoles, nationales ou européennes, ayant à connaître des problèmes de la vigne.
Ce statut de spécialiste incontesté et les analyses sur la longue durée de la présence de la vigne en Méditerranée, depuis l’aube de la romanité sans négliger les longues crises qui l’ont marquée, les périodes de prospérité et les réussites dans l’adaptation aux marchés, en font aussi les observateurs précieux du monde viticole. En effet, bien au-delà des simples constats les réflexions qu’ils ont développées et qu’ils présentent au long de réunions professionnelles ou de colloques, s’efforcent de tracer avec clarté les besoins d’aujourd’hui et de demain, de suggérer les nouvelles exigences indispensables pour faire fructifier les potentialités du vignoble du Sud. Et ce n’est pas aussi la moindre originalité de leur profil que le renouvellement de l’image de l’œnologue : hier le « chimiste » prodiguait ses conseils à l’abri de bureaux lointains, aujourd’hui, il se rend dans les caves à la rencontre des vignerons, il connaît leurs parcelles, devient le plus fin connaisseur des atouts et des contraintes du terroir, tout en délivrant à chacun les avertissements les plus personnalisés.
Dès lors les Dubernet parcourent avec attention toutes les étapes de la filière des vignes aux marchés en passant par les chais. Mais le saint des saints reste le laboratoire avec les diverses unités ultra-modernes qui le composent et qui permettent de percer les secrets les plus résistants du vin : des prélèvements de l’ordre du microscopique mettent en lumière le rôle de la poussière, d’un revêtement de cuve déficient ou d’une levure mal appropriée... Ainsi, dans le croisement de milliers de paramètres, par des approches de plus en plus fines, leur est-il permis de corriger les défauts et de valoriser au mieux chaque vin étudié. Chercher toujours, mieux comprendre, en usant du matériel le plus performant, pour pouvoir mieux aider les vignerons, tels sont les buts que se sont fixés les deux œnologues et leur équipe, plus soucieux des avancées de la recherche que de l’enregistrement de brevets, figures exemplaires et écoutées du monde du vin.
Contact :
www.dubernet.com
texte écrit par Jean-Pierre Piniès