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Michel Le Hérissé
Une vie de films

Certaines vies semblent se confondre avec la passion qui les anime, ainsi en va-t-il du cinéma avec Michel Le Hérissé dont la trajectoire personnelle est étroitement liée aux salles obscures et plus précisément à l’histoire des ciné-clubs. Profondément marqué par leur volonté d’éducation populaire comme de leur recherche inlassable de la modernité et de la découverte de l’Autre, il devint, dès l’adolescence, animateur engagé d’un mouvement dont il vécut intimement les péripéties, de l’engouement triomphal des années 1950 au questionnement douloureux de l’après-mai 1968 et de sa quête de renouveau. Sans que jamais sa conviction profonde, quelles que soient les déconvenues ou les difficultés, soit entamée : si le cinéma ne peut à lui seul changer le monde, il ouvre sur lui des fenêtres qui permettent de mieux comprendre notre destin et de forger nos choix. Aussi, sans désemparer, de rencontres de province, en passant par la gestion d’une structure universitaire ou la participation à la fondation du Festival des Trois Continents à Nantes, l’amour des films reste fil conducteur.

Même si, au cours de la vie, les territoires ont changé, si à la Bretagne des origines a succédé le Languedoc et l’apprivoisement d’espaces inconnus et parfois étranges. Loin de l’appel incessant du large, du royaume de l’océan qui semble sans limites ni frontières, du désir impérieux et évident du nomadisme, c’est la rencontre avec une mer paisible, close de rivages que l’œil au loin distingue, de randonnées à une autre échelle, de modes de vie différents où la famille, élargie à toutes ses branches, est facteur essentiel de la sociabilité. C’est aussi la diversité des paysages, de la montagne toute proche, de l’aridité des Corbières, de l’entre-deux, entre ciel et mer, du monde lagunaire et des étangs.

Et, toujours, en toile de fond, l’obscurité chaleureuse du cinéma et les aventures qu’il semble commander, les défis permanents qu’il demande à relever dans une petite ville de province. A l’heure des immenses complexes rejetés hors des villes et des marchands de rêves soucieux avant tout de rentabilité, il s’agit de construire, en écho, avec peine quelquefois, mais dans un acharnement joyeux, une alternative qui propose encore des chemins émerveillés vers le septième art. A Narbonne, la Maison des Jeunes et de la Culture, institution ancienne  et rayonnante, a choisi de jouer ce rôle en abritant les séances du ciné-club, mais en favorisant aussi toutes les animations qu’il génère. Pèlerin éclairé, Michel Le Hérissé, comme les autres membres de son équipe, sait prendre avec bonheur le chemin des écoles, parler avec les enseignants, animer des ateliers dans les collèges et conduire ce jeune public vers une fructueuse initiation aux mystères et aux délices du cinéma. De la même manière qu’il sert la mémoire de la ville et des cinéastes qui l’ont honorée, tout en portant en permanence ses rega
rds, guetteur attentif, vers les images renouvelées de la beauté du monde qu’offre le cinéma.           

CONTACT :

MJC de Narbonne, Cinéclub

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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