A mi-pente du petit village de Bages perché sur son promontoire, assourdi par la nostalgie des étangs tout proches, embaumé par la mémoire de parfums de vins anciens, le lieu, passé une grande voûte de pierre, offre ses richesses. Là, depuis près de vingt ans, une équipe autour de Sophie Cassard, où artistes, bénévoles et employés se mêlent dans le même enthousiasme, assure la pérennité d’une aventure singulière au service de l’art et de sa découverte. Loin de la froideur intimidante des galeries traditionnelles ou des musées L’Etangd’art entend privilégier la curiosité et l’émotion à travers l’exposition de peintures, de sculptures ou d’installations à la mesure de ses volumes.
Ses règles et ses buts initiaux n’ont pas changé, soit permettre à des jeunes artistes, fussent-ils peu connus, de franchir les obstacles traditionnels et de montrer leur œuvre au plus large public possible. Très vite les commissions ( faites de permanents, de membres de soutien de l’association et de créateurs) chargées deux fois l’an du choix des exposants se sont trouvées confrontées à la plus vaste demande, tant la réputation de sérieux et de convivialité de ce lieu a été rapide et durable, en faisant un espace régional incontournable, servi en outre par la beauté du site qui l’accueille. Là, le plaisir des yeux, renouvelé au fil des sept accrochages annuels, le dispute aux discussions et aux échanges avec les hôtes, les peintres ou les plasticiens dans la sérénité des jours et les variations de la lumière reflétant la simplicité chaleureuse des murs et des sols de l’ancienne cave vigneronne. A ses fonctions classiques d’exposition la galerie a joint un démarche plus originale, celle d’une artothèque qui permet aux adhérents de l’association, en s’acquittant d’une somme modique, d’emporter avec soi, pour deux mois, une des œuvres que les artistes ont choisies de laisser à disposition de L’Etangd’art.
Sans doute la singularité des tableaux et des sculptures exposés est-elles pour beaucoup dans un succès que d’autres raisons permettent de mieux éclairer. Très tôt, après la guerre, avant même pour les pionniers, le petit village de pêcheurs a accueilli les peintres séduits par la lumière et la magie du monde lagunaire. Aussi est-ce avec bienveillance que les habitants, accoutumés, ont vu cette entreprise qu’ils ont faite leur, puisque la galerie, soutenue par la mairie, a mis en place des activités à l’école, toutes classes confondues, assurant ainsi une initiation à l’art, exposant chaque année les œuvres des enfants. Très vite aussi les cours se sont ouverts à toutes les classes d’âge jouant sur une émulation enrichissante.
Il ne restait plus à ce lieu que d’essaimer sa prodigalité vers d’autres écoles, d’ouvrir ses ateliers au territoire, de mettre en place des « marchés de l’art », de rejoindre la sensibilisation à l’environnement avec des incursions dans le domaine du land art, pour accomplir pleinement sa mission d’ouverture généreuse à la découverte conviviale des arts plastiques.
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texte écrit par Jean-Pierre Piniès