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François Marty, pêcheur d’étang

Né en 1953 d’une mère venue du Nord et d’un père du Sud, François Marty comprend assez tôt que le monde sera pour lui sans frontières, que les terres où il posera son sac pour un moment seront toujours terres d’accueil, que les moindres parcelles se feront toujours un peu siennes. Vite las de l’école et de ses limites il emploie ses quinze ans puis sa jeunesse à découvrir l’Europe, l’Angleterre d’abord puis le vieux continent, séduit pendant plusieurs années par les charmes de l’Italie. De ce commerce du monde il retire une bonne pratique des langues et ne tarde pas à découvrir, dit-il, toutes les émotions que procurent les aventures amoureuses…

Mais au bout de ces années vint le dénuement et le besoin de choisir un métier, compatible avec ses désirs, qui n’entraîna point trop de contraintes ou de discipline aveugle. Se refusant aux dangers un peu vains du métier des armes ou du brigandage il revint comme naturellement à la pêche qu’avaient pratiquée certains de ses parents et à laquelle il avait goûté comme marin de fortune. Pêcheur il se fit, pêcheur il resta, approfondissant sur le banc des écoles techniques, sur le pont ou aux machines, toutes les arcanes du  métier, tantôt radio, tantôt mécanicien, tantôt simple matelot, tantôt capitaine… en de longs voyages ponctués de halte, comme celle qui le fit rester trois ans au large de l’Afrique de l’Ouest.  

Le monde changeant et la surexploitation des mers s’aggravant il s’intéresse à la gouvernance des pêcheurs comme à la gestion des prélèvements, ses compétences faisant bientôt de lui un interlocuteur de premier plan consulté régulièrement par les instances internationales concernées par le domaine halieutique (FAO, CEE, Forum mondial de la souveraineté alimentaire…). Ce savoir technico-économique se double, par ailleurs, d’une connaissance quasi encyclopédique du monde lagunaire languedocien où il exerce une part de ses activités et de ses talents. Grand lecteur, à l’érudition couvrant toutes les publications, même les plus rares, consacrées au monde de la mer, il est aussi un praticien et un observateur capable de rendre compte du moindre détail des techniques de pêche, de leurs variations dans l’espace du territoire ou de leur évolution dans le temps. Attentif au lexique il possède toutes les nuances de la toponymie, naturaliste il sait lire les signes et le temps qui feront la fortune d’une sortie en mer…Outre de nombreux rapports et études il s’est fait aussi l’auteur de plusieurs ouvrages considérés comme des classiques sur le monde des étangs.

Par ailleurs, et avec plus de discrétion il partage deux passions, d’abord celle de la peinture puis celle de la philosophie orientale, Tchan chez les Chinois, Zen pour les Japonais, qui nourrit les principes qui commandent à sa vie et à sa vision du monde.

François Marty est décédé en 2008.


Repères bibliographiques :

- Mémoire des savoir-faire des pêcheurs de Gruissan, 1991.

- Mémoire des savoir-faire des pêcheurs de Bages, 1993.

- La Prud’homie des pêcheurs de Gruissan, 2002.

- Entre mailles et filets : savoir-faire des pêcheurs du Var, 2005.  


texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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