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Yann Pajot,
charpentier de marine.

Inattendue, à  un tournant du canal de la Robine, entre Port-La-Nautique et Gruissan, à peine abritée par les arbres que courbe le grand vent, hantée par le cri des flamants, la Marie- Thérèse, grosse barque de patron parmi les plus anciennes d’Europe encore en exploitation est le meilleur symbole du parcours de Yann Pajot, jeune charpentier de marine. De ses vacances sur l’île d’Oléron et  de ses sorties en mer, pleines de bonheur, sur des embarcations de fortune naît, chez le jeune garçon, une vocation qui le conduira, après de nombreux stages et des études très poussées,  à maîtriser tous les arcanes du métier de charpentier de marine. Dès ses seize ans, son père (directeur du Centre Permanent d’initiative pour l’Environnement des pays narbonnais basé à l’écluse de Mandirac) lui confie la restauration d’une ancienne barque catalane construite en 1927.

A peine la mission accomplie il rencontre la Marie-Thérèse : grande barque construite à Toulouse en 1855, destinée au transport du sel, du blé, de la farine ou du gravier entre Bordeaux et la Méditerranée. La retraite venue, elle se transforme dans les années 1960, amarrée dans le port de Sète, en piste de danse avant d’être promise à la destruction. Sauvée in-extremis, après bien des mésaventures la barque arrive enfin à Mandirac, sur la Robine, en 1998, où, après qu’elle eut été hissée sur la terre ferme, Yann Pajot entame sa restauration. Le travail demandera de nombreux mois et diverses aides puisqu’il s’agit de restituer au bateau son état originel avec la plus grande fidélité : il faut en reprendre les trois quarts (bordées, calfatage, pont…), y compris les moteurs, retrouver minutieusement les formes de départ, en s’aidant pour cela de tous les documents disponibles à propos de la navigation sur le canal du Midi et sur ses bâtiments. Remise à l’eau en 2003, la barque a repris du service l’année suivante, accueillant des cérémonies commémoratives, se faisant aussi, à l’occasion, scène de théâtre, mais surtout centre d’interprétation itinérant, ambassadeur du Narbonnais, offrant ses services aux communes riveraines du canal des Deux-Mers.

Décisive dans le parcours du jeune charpentier de marine cette remise en état ne fut que le point de départ d’autres restaurations comme celle du Deux-Frères, premier bateau de plaisance à avoir navigué sur l’étang de Bages-Sigean. Sans oublier l’animation des Ateliers de la Mémoire installés sur l’île de Sainte-Lucie qui se proposent de restaurer une flottille de bateaux en bois, tels que ceux qui étaient en usage dans les étangs et sur le littoral, et de conserver les techniques indispensables à leur entretien, ou bien avec l’association  Tramontane, la mise en place de « coches d’eau » qui emmènent les visiteurs de Narbonne à Port-La-Nouvelle .

Après la Marie-Thérèse, l’histoire continue donc pour Yann Pajot, au long des multiples chantiers qu’il dirige, des dessins et des ouvrages qu’il consacre, inlassable découvreur habité par un rêve éveillé, à la mémoire de cette marine paisible et à toutes ses embarcations .    


CONTACT :

Ecluse de Mandirac

11100 Narbonne

06 83 06 06 23

yann.pajot@laposte.net

Site : cpie.narbonnais.org

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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