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Alberte Raynaud
Entre ciel et garrigue : un théâtre de pierre

 Comme s’efforçant de refermer un cycle, échos lumineux, les ciels, dans la force de l’azur, semblent se faire les gardiens du territoire d’Alberte Raynaud d’une rive l’autre de la Méditerranée. Aussi passionnée que curieuse, se destinant à la sculpture elle entame de front l’apprentissage de cet art et une formation à l’enseignement qu’elle poursuit en France après avoir quitté l’Algérie en 1961. Faisant très vite le tour de l’académisme et des contraintes surannées des Beaux-Arts, elle se lance dans des recherches personnelles qui lui valent une consécration dans le mouvement Jeune Sculpture. Mais, esprit libre, en permanence à la recherche de nouveaux regards, elle rencontre la danse, et après avoir conçu des décors pour des spectacles elle en devient acteur à temps plein, créant bientôt sa propre compagnie, « Danse et Sculpture »,  qui lui permet d’approfondir les relations entre les deux disciplines. Puis c’est la rencontre avec Jean Rouch, la découverte du cinéma ou plutôt ce qu’il peut à son tour apporter à la danse avec une utilisation totalement novatrice des instruments vidéos. L’opérateur danse la caméra accordant son mouvement à celui du danseur : s’ensuivent de nombreuses cinévidéochorégraphies, « Amour(s) », « Mutation(s) », « Duo d’eau »…Pour autant, désirant explorer plus avant les rapports du cinéma, du corps et de son art, elle se tourne vers le champ psychanalytique et soutient une thèse de sémiologie sous la direction de Julia Kristeva et de Christian Metz. Engagement intellectuel et artistique, le projet d’Alberte Raynaud se double d’un investissement concernant les jeunes en difficulté.

et l’insertion par  les pratiques artistiques, dont elle est professionnelle, qui en font, depuis des années, une pionnière aussi modeste qu’efficace de l’action culturelle en région parisienne et en Languedoc Roussillon.

Mais, en parallèle, le territoire d’élection, celui du cœur, de l’art et de tous les engagements, c’est celui de Port-la-Nouvelle et singulièrement «Le Théâtre en garrigue » animé par sa troupe « Garrigue Danse Rivage », secondée par nombre de bénévoles conquis par cette aventure. Dans une carrière désaffectée, vouée à la ruine et à l’indifférence, elle va mener à bien une entreprise tout à fait originale, persuadant toutes les institutions locales de la seconder dans son projet de lieu total. Ainsi dans les nuits d’été se croisent, avec la complicité des étoiles, dans un espace respecté, l’infinie richesse de la danse, du jazz, les contes, les conférences, la musique indigène… Ouvert à tous les genres, à l’écoute du monde, la compagnie ne se contente pas de son domaine clos, donnant des représentations dans les petites villes et villages environnants, scandant de ses prestations fructueuses la diversité des saisons.        

Néanmoins c’est depuis ce théâtre de plein air que tout irradie, à mi-chemin entre le temple, l’agora, la scène toujours recommencée, dans ce lieu où, grâce à l’infatigable meneuse de jeu, le patrimoine se fait tangible dans la joie des spectacles, les découvertes botaniques, les gestes du quotidien et l’enchantement convivial toujours renouvelé.


Contact :

araynaud@hotmail.fr

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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