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Justo Rodriguez
Au miroir des rencontres

Périples africains et randonnées sous la mer ne parvinrent jamais à venir à bout, pour Justo Rodriguez, de la nostalgie de la jeunesse, des longs déplacements à mobylette, loin de Sigean, pour écouter à Perpignan, Narbonne, Montpellier… ce que la musique pouvait offrir de découvertes et de créations, du rock au pop en passant par le reggae ou les musiques ethniques... Sans doute sacrifie-t-il à ces souvenirs en leur consacrant l’essentiel des loisirs que lui laisse son activité de camionneur professionnel. Ainsi, en 2003, avec quelques amis de la même trempe et de mêmes goûts, crée-t-il l’association New Art Concept destinée à la promotion des musiques alternatives et se proposant de présenter des spectacles riches et novateurs à Sigean, petite ville capitale des Corbières maritimes : avec des rencontres d’hiver, un festival d’août de trois jours, des plateaux d’artistes variés et reconnus, la manifestation recçoit vite l’appui des institutions locales, municipalité ou département, mais elle obtient aussi la reconnaissance d’une grande radio nationale, Radio Nova acceptant de parrainer une action qui lui semblait aussi fertile qu’originale.

En effet ses promoteurs ont érigé en principe, dès leurs débuts, de délaisser les sentiers battus, les groupes les plus connus aux cachets extravagants pour faire connaître des artistes totalement immergés dans leur passion et soucieux avant tout de la partager, convivialement, avec un public. Peu à peu pour les spectateurs, immédiatement pour ses concepteurs, c’est une nouvelle forme de spectacle qui émerge, qui tient plus de l’engagement citoyen que des manifestations dispendieuses et superficielles que le monde du show-biz offre traditionnellement. Si le principe du plaisir musical reste à sa base, l’action entend promouvoir d’autres valeurs essentielles aux yeux de ses organisateurs. Ainsi, avec discrétion mais fermeté se met en place un système dominé par les principes de l’économie durable et du commerce équitable. Les supports publicitaires sont faits de papier recyclé, les boissons ou les plats proposés pendant les spectacles provenant des artisans locaux sont de label bio chaque fois que possible, le matériel vinaire est de verre utilisable à répétition, tous les déchets sont triés et récupérés sur place, une ludothèque destinée aux enfants accueille jeux et jouets des cinq continents pendant que les parents peuvent s’installer au camping « écologique » voisin, un peintre installé sur place propose au public les oeuvres qu’il réalise devant lui…

A l’évidence parfois les lois du marché ont été les plus fortes, qui enferment les hommes dans la solitude domestique ou leur font préférer au partage le scintillement d’éphémères et superficielles paillettes, parfois aussi est-il difficile d’abandonner la facilité des habitudes, des chemins bien tracés et des conventions. Mais heureux ceux qui, dans la nuit d’été, sous les arbres de la place, ont entendu se répondre en de singuliers échos, les chants aborigènes, les tambours africains et les percussions occidentales, faisant un instant de Sigean le miroir du merveilleux et infini royaume du monde.           


Contact :

justo.newartconcept@wanadoo.fr        

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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