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Simone Salgas.
D
ans les palais de l’écriture.

Le Sud, toujours renouvelé dans l’âpreté métaphysique que le soleil donne, traversant les jours, aux pierres et aux silhouettes, tel se dessine, toile de fond incontournable de l’œuvre, l’univers de Simone Salgas. Paysages du sauvage que mordorent les fleurs les plus simples et les plus secrètes, cabanes de pierre où s’abrite l’azur des colombes, fraiement de la sauvagine épiée depuis le moulin battu par tous les vents, c’est en ce territoire que prennent leur source les cheminements de l’écriture, où naissent les personnages les plus emblématiques comme ce Grand Meaulnes des Corbières, construisant dans Le Goupil, la splendeur de désirs et de  châteaux imaginaires.

L’écriture, une aventure ancienne commencée dès la jeunesse par des vers classiques et les émerveillements des premières lectures pour tromper l’ennui de l’Ecole Normale,  poursuivie avec exaltation lors des études supérieures à Montpellier et en Sorbonne, puis continuée sans trêve ni répit. Vite, en effet, au fil de cahiers, de feuilles éparses, l’écriture devient hégémonique, perpétuelle, second souffle, impérieuse raison de vivre qui répond à l’attente incertaine et aux aléas des jours. Ainsi, dans les horizons solaires de Valencia puis de Sigean, du lycée français au collège, lors d’un séjour à la Casa Vélasquez à Madrid, au cours d’un long parcours, se déploie, à travers la diversité des genres, l’arabesque noire et lumineuse de la création. Habitée par l’écriture, Simone Salgas en habite aussi toutes les demeures et tous les genres, de la poésie au roman en passant par les nouvelles, le théâtre, les émissions radiophoniques, les arguments pour ballets ou plus récemment la chanson, embrassant avec un peu de nostalgie des domaines que l’attachement à son œuvre personnelle ne lui ont pas toujours permis de parcourir de manière aussi féconde. Car la règle première est celle de l’exigence et de la rigueur envers soi même qui la fait parfois se plier aux contraintes les plus oulipiennes comme cet Agenda en libertés, avec ses 52 textes, un par semaine, de 100 mots chacun, sur la liberté. Pour autant cette richesse a un prix un peu janusien car l’indépendance voulue et proclamée, voue à une solitude fructueuse, mais ces nécessités trouvent leur contrepoint dans des manifestations plus publiques. Là encore aux mondanités convenues des foires aux livres ou des signatures académiques, Simone Salgas préfère les interventions, les lectures ou l’animation et les échanges d’ateliers d’écritures où s’unissent le proche et le lointain, dans des horizons qui vont de la Narbonnaise au Chili, en passant par les grandes villes du Sud ou la Tchéquie.

De saison en saison, elle explore ainsi les demeures émerveillées de l’imaginaire élisant le plus souvent pour ce faire sa maison de Narbonne. Là, entre rue et jardin, près d’une fenêtre, un chat, mélancoliquement ébouriffé, veille, énigmatique, dans ce véritable royaume de l’écriture qu’embaume, çà et là, l’encre bleue des rêves de l’enfance.


Contact

ssalgas@free.fr

texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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