Dominique Webb,
L’enchantement du monde 

Y compris les origines, tout garde la part d’ombre nécessaire, dans la vie et la carrière de Dominique Webb. Sans doute est-il possible d’évoquer ses premières prestations, encore enfant, devant ses compatriotes médusés de Portel-des-Corbières, le chemin somme toute assez solitaire et sans trop de maître qui lui a permis d’accéder aux arcanes les plus spectaculaires de la magie, des tours de cartes aux plus brillantes prestations. Lévitation, femme découpée en morceaux dans un coffre fermé, disparition soudaine, envol de colombes… il s’est essayé avec le plus grand bonheur à toutes les figures classiques du répertoire au long de spectacles courus. Cet éventail s’est en permanence élargi jusqu’au triomphe médiatique qui lui fait annoncer les chiffres du tiercé lors d’une émission de télévision. Sans doute est-ce cette renommée qui lui ouvre les portes de l’Olympia où il inaugure le premier Festival de la Magie pour un Bruno Coquatrix totalement séduit par l’art du prestidigitateur, mais plus encore certainement par ses talents d’hypnotiseur qui voient le magicien, par le seul pouvoir de son regard magnétique, endormir une salle entière. Rien d’étonnant que, partout dans le monde, gens de spectacle et personnalités tiennent à s’assurer sa compagnie ou sollicitent ses talents : de l’Elysée où le président Pompidou lui a confié le soin d’animer un Noël des enfants au roi des Belges, en passant par Salvador Dali il devient un familier admiré des grands de ce monde.

Pour autant, loin de s’enfermer dans sa gloire, « l’artiste » sait se mettre au service des autres. Bien avant que le mot sophrologie n’apparaisse, il se fait collaborateur actif de médecins en usant de ses pouvoirs d’hypnotiseur et, tout au long de sa carrière il obéit au même principe, celui de l’enchantement du monde avec toujours la volonté d’émerveiller, le devoir impérieux de transformer le monde par le rêve. Longtemps il fabriqua des boites de magicien, destinées aux enfants, dont il complétait la présentation, dans les grands magasins parisiens, de tours de prestidigitation éblouissants. A Bruxelles il fit croire à l’évasion du lion, plus animal de compagnie affectueux que bête sauvage. qui lui servait de comparse.  Combien ne furent pas apeurés par les léopards qu’il promenait en laisse, y compris dans les ors des palais ? Plus tard, dans « un vrai château en Espagne », il offrit à des spectateurs enthousiasmés, des journées d’illusion dans le musée de la magie qu’il avait créé où les gens disparaissaient ou réapparaissaient, où les pianos se mettaient à flotter au dessus du sol.  Mais l’entreprise de Dominique Webb n’est pas complètement solitaire quand on sait que, dans sa famille, sa fille ou sa sœur, elles aussi, se sont faites magiciennes et que sa petite fille, la jolie Chloé, se livre déjà à ses premiers tours.

Alors Dominique Webb un simple illusionniste  ? Plutôt le porteur de mythes et de secrets très anciens, semblable à celui qui, dans la caverne de Platon, entretenait le feu dont se nourrissaient, insatiables, les rêves des hommes.      



texte écrit par Jean-Pierre Piniès

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