Laurence Vielle
biographie

Dans le cadre du Festival des Identi’terres 2008

 ... J'habite Bruxelles, à la lisière du tracé de son enceinte, à quelques dizaines de mètres d'un de ses derniers vestiges, la Porte de Hal. J'habite à l'endroit où se trouvaient les terres de choux, choux de Bruxelles. Maintenant à la place des choux, ce sont des dalles, des routes asphaltées, des immeubles autour d'artères plus ou moins larges. Plusieurs d'elles mènent vers le centre du quartier où je vis : le parvis de Saint-Gilles.J'aime marcher dans ma ville.

Je pourrais parler longtemps de l'endroit que j'affectionne, le vieux marché, place du Jeu de Bal, à quelques pas de chez moi, et mes amis de là-bas. Et les petits cafés autour de la place d'où l'on regarde la vie fourmillante des marchands de bricoles. Parfois d'ailleurs le vent se lève, emporte avec lui les petits riens qui se vendent là, la marche des passants glaneurs s'accélère et tout danse pour quitter la place, tout s'affole, les rues autour sont pleines des débris trimballés par le vent.

Je pourrais parler des interstices entre les pavés de cette place où mon ami Ahmet cherche les pépites d'or et les trouve parfois, ma fille y ramasse des minuscules objets précieux, poussières des trottoirs.

La couleur principale de mon pays est le gris, j'aime ce gris de le connaître depuis toujours. Le ciel est souvent bas, les trottoirs, les rues, les façades portent ses couleurs et lorsqu'on nettoie les pierres des maisons à grands jets, à grands ravalements, elles deviennent juste plus blanches mais pas blanches. Un peu de lumière.

Il y eut de l'eau dans cette ville, mais la Senne a été murée.

Il y eut des champs dans cette ville, mais la terre a été pavée.

Il reste des bouts de parc près de chez moi, autour de la Porte de Hal blanchie il y a peu, et puis derrière le parvis, le parc Pelgrims caché entre des maisons, canards, bancs, plaine de jeux, arbustes, pelouse verte, c'est mon jardin.

Lorsque je viens dans le Midi, je me sens pétrie de mon pays gris et ouaté : une respiration parfois difficile à prendre, alors il faut la saisir au fond du corps, lever les yeux au ciel pour recevoir l'air, le vent, l'espace. Et cette passion pour les interstices, les espaces oubliés, la vie qui se loge malgré tout.

Me voici pour la première fois au pays de Narbonne, à l'invitation du Parc naturel régional de la Narbonnaise. Nous habiterons quelques jours au Domaine de Lastours à Coursan, chez Anne.    (22 juillet 2008)

 Josette, glaneuse, rue de l'Eglise, à Leucate

"Je vais vous dire, je suis comme madame Gilles et mademoiselle Rosa, c'étaient deux soeurs, elles étaient laides jeunes et ça a été une jolie vieille. J'ai pas de salive. On n'a pas trouvé de remède alors je subis, et comme je ne fais que parler,...J'ai toujours des bêtises à raconter. Je me régale, ce sont des amandons, j'en vends, je vais vous en donner une bonne. Et qui me les mangerait si c'était amer ? On m'assassinerait ! Mais non, c'est pas amer du tout, vous ne les cueillez pas dans les cultivés ! Bon, je commence à vous enlever la peau. Maintenant oui c'est la saison. Je me régale, je me régale ! C'est greffé pour être doux. C'est un monsieur qui va me les cueillir, il m'en a apporté 8 kilos, ça fait bien de les vendre au coin de la rue avec le chapeau de paille. Il arrive un homme : "je peux vous prendre en photo ?" Ça fait folklore au coin de la rue.

Je suis née à Leucate. Quand j'étais petite chez moi, ils parlaient tous leucatois et quand j'ai été à l'école, mon français s'en est ressenti. A l'école, c'est gênant de parler le patois, madame me disait : "on voit que tu parles le patois chez toi." Je faisais des phrases lourdes alors les familles, elles évitaient que les enfants parlent le leucatois, c'est dommage hein ! Mon père était ouvrier agricole et mon grand-père était boulanger sur la place, donc je vivais sur la place. Si vous parlez à quelqu'un du pain de la place, on vous dira, on vous dira ! Ma grand-mère maternelle, elle a les racines que je connais depuis 1800 et quelques, elle s'est mariée avec un espagnol, ma mère s'est mariée avec un espagnol, je suis née d'un espagnol, ma grand-mère me donne les racines qui sont profondes, beaucoup d'espagnols se sont mariés ici.

Mon père, il allait au bord de la mer et ramassait les oranges. Les bateaux espagnols qui les transportaient échouaient, et les oranges arrivaient au bord de la mer; c'était interdit mais mon père, il les ramassait.

On habite dans cette maison depuis 1944, les allemands nous ont fait partir à l'évacuation d'ici à Fitou. Quand nous sommes revenus de l'évacuation, je venais d'avoir 22 ans, cette maison était à vendre, c'était vieux, c'est deux maisons frère et soeur, deux maisons identiques. Moi je ne faisais rien, je reprisais je cousais je lavais, y avait du boulot à la maison. Au départ, j'avais une fille et puis j'ai eu la deuxième. Mon mari était ouvrier agricole et puis, nous avons pris quelques morceaux de vignes et j'ai aidé mon mari à faire tous les travaux. J'ai une fille viticultrice et une autre aussi. Mon fils était trop jeune pour s'occuper des vignes, alors on a arraché nos vignes.

Ma famille avait des vignes après Port Leucate et ma belle-mère y travaillait; ma belle-mère se mettait à quatre pattes quand il y avait du vent !

C'est fort le vent, il y a des fois on fait attention, on ne va pas rôder, on reste à la maison, je pèse 45 kilos alors le vent... ! L'autre jour il m'a prise, il m'a emmenée à moitié route, heureusement qu'il n'y avait pas de voiture !

I fa dé bent, il fait du vent, boudiou com vend !

Nous on dit, "il fait du nord, c'est nord, il vient du nord". Le cers, c'est le vent du nord, la tramontane. Le vent marin dure parfois quelques jours. Si ça vient de l'est, c'est un grec. Alors celui-là, il est mauvais, nous ne l'aimons pas, c'est un marin froid et mauvais, et alors les pêcheurs disent que c'est un vent qui fait partir les poissons. Les personnes plus âgées que moi, les vieux ils disaient, "c'est que le grec, il mange les tétons de sa mère !" Ils disaient comme ça avant, les vieux ! que j'ai remplacés ! Moi j'étais pas intéressée par le vent, mais ça, le grec, je le sais parce que quand vous sortez, ouh ! qu'est-ce que c'est que celui là !

Vous avez le léban... Les nouvelles rues, on les a mises avec les noms des vents.

En été, ça se passe comme ça : ce soir ou cette nuit, le vent du nord arrive, il tient jusqu'à demain midi, à midi ça tourne au marin et vous avez le vent marin de nouveau jusqu'au soir. C'est bien pour les baigneurs parce que le vent du nord, ça fouette, ça pique avec le sable.

Ces jours derniers, il y avait les rafales. On dirait que j'ai une horde de loups là ! La porte quand elle est bien fermée, vous entendez "ouououououou" ! On dirait que j'ai des loups, il faut s'y faire !

Une dame de Paris, ils sont venus en vacances, c'était un boulanger à Paris, alors il achète un terrain y a un an et demi, ils ont construit la maison, alors sa femme : "oh, moi je peux pas le supporter, je peux pas le supporter !" Finalement ils vendent la maison, elle veut pas venir ici à cause du vent, elle dit qu'elle a mal à la tête !

Mon mari pour aller aux vignes,  il avait une seule chemise. Je la lavais pour qu'il puisse la remettre, et le pantalon, s'il était déchiré, j'allais chez ma belle-mère le même soir mettre une pièce pour que ça tienne. C'était pas la vie d'aujourd'hui hein ! Et heureux comme des pinsons ! Oh ma foi, moi j'ai jamais souffert ! Mon mari, il est arrivé un jour avec une chemise kaki en morceaux : "cette fois, tu peux bien me la jeter !" J'avais acheté une machine à coudre 51000 francs, tout ce que nous avions, jamais à crédit. Alors le lendemain, je lui donne cette chemise : "mais c'est ma chemise !"  "Oui, c'est ta chemise !" Elle était en état ! On aurait dit qu'elle était neuve ! J'aime bien les choses vieilles et j'ai appris à remettre en état. Maintenant que je couds beaucoup pour les gens et bien, je me régale, je me régale !

Je me fais de la tisane de thym. Je me régale ! Je la fais cuire et puis je bois même froid, c'est pas bon hein ! C'est amer un peu. Je ramasse le thym au mois de mai quand il est fleuri, et la fleur reste accrochée. Vous allez voir que ça tient, je vais vous le montrer ! Il sent bon celui là, oui. Je suis un peu bébête !

Je me régale quand je vends les amandes, tout le monde me connaît par là-bas,  on me pose des questions, je suis toujours disponible. Bientôt, je serai la plus vieille !

(23 juillet 2008)

L'arpenteur du vent

Il n'y a pas de présent méprisable.

J'arpente mon époque 

je connais le passé

j'arpente et je transmets.

Les romains pensaient déjà que c'était la fin des temps

mais l'humanité a encore des millénaires devant elle.

Ici c'est la garrigue au-dessus de Sigean.

Dans les années 60, ma famille a suivi 

les chalutiers d'Algérie

débarqués à Port-la-Nouvelle.

Ils ont tenu une blanchisserie.

J'ai beaucoup voyagé et puis un jour,

je deviens viticulteur.

Crucifié à ma terre, je relève ma parka

je mets le dos au nord pour tailler les vignes;

une main invisible les agite

elles se faufilent entre les vents

je dompte les lianes

je suis rivé au vent pour savoir

ce qu'il m'apportera.

je m'assieds devant la cagna

sur une pierre plate,

s'y sont assis les anciens.

Nous contemplons notre travail.

Aucune prime d'arrachage

ne le compensera jamais.

Raisins, sang des Corbières.

Je nourris ma famille

je résiste, je résiste.

Ici c'est la garrigue haute de Sigean,

les murs autour de nous s'ouvrent sur le ciel,

une ancienne bergerie.

Il y avait sur le plateau cinq mille moutons

des villa romaines

des céréales

les charbonniers.

Un beau charbon est noir luisant tintant.

Les charettes qui passent

et les pieds des bergers

les sabots des chevaux

ont poli les rochers.

L'histoire de la garrigue

est celle d'un va-et-vient

repli occupation

repli occupation

comme une lente respiration.

Aujourd'hui c'est un temps d'abandon.

 le paysage est mité d'éoliennes.

Elles veillent.

Je n'ai pas de nostalgie.

J'arpente, je vois,

je vois le pin d'alep

supplanter l'herbe à mouton

je vois depuis trois ans

les sangliers descendre au littoral

la garrigue est de plus en plus sèche

je vois l'arche de Noé échoué sur le Canigou,

je vois dans le passé couler les sources 

les rosiers de mon ami fleurissent encore

je vois les gens sur le pas de leur porte

c'est l'été ils allument un braséro

pour éloigner les moustiques

et voir la nuit tomber en causant aux voisins. 

Je vois les catalans qui sortent leurs violons,

ils ont récolté à vingt, vingt-cinq hectares de vignes !

Aujourd'hui nous sommes deux au temps de la récolte.

Je vois Marcel Amand, les compagnons de la chanson

qui nous rassemblent tous à la salle de Sigean

je vois la dernière charrette et le dernier troupeau.

La rentabilité nous encombre.

Culture des médias, culture des villes ?

Où vont nos coeurs ?

Je t'invite à une fête nouvelle !

Suis le vent dans ton corps

balayé, ventilé, nettoyé, libéré par le Cers,

solitaire, intime et enveloppé du vent marin. 

"Vent grec, pluie sur bec !"

Tu es ouvert à tous les messages

que le monde te transmet.

Tu es poreux, tu te dilates,

 ouvre tes narines, ta bouche,

 bois les rafales,

 et danse, danse,

 la matière prima apparaîtra toujours !

Cherche la corde à vent

dénoue ses noeuds et dompte le géant !

Le paysage est ton âme

tu es l'âme du paysage,

ton souffle relie entre elles les perles de ta vie.

Arpente les plateaux !

Nous mourrons tous aux hôpitaux

là où les chambres sont identiques.

A ta dernière respiration

garde une image de grand vent entre tes yeux immenses,

elle te fera danser pour l'éternité dans le vent immortel.

(24 juillet 2008, merci à Marc Pala, Anne-Marie, Timotée)

Pays de Coursan

J'arpente la campagne narbonnaise; des chemins de terre rectilignes creusés par les tracteurs longent, entre les champs de melons et les vignes, des canaux asséchés. Campagne quadrillée de chemins, canaux, parcelles cultivées, un hameau, des platanes, le chemin continue; sur les berges, les racines nouées m'observent, créatures animales et sèches. Un héron ponctue ma marche, je m'approche, il s'éloigne, je m'approche, il s'éloigne. Le soir, avant de partir à Coursan pour y puiser l'eau potable, une chouette blanche traverse la cour de la grande ferme où nous dormons.

Au village, nous cherchons la fontaine publique, une femme et sa fille nous indiquent en catalan la direction de la place principale.

La fontaine est moderne, c'est de l'eau ferrugineuse qui coule là.

Sur le comptoir du café de la place

une feuille de papier volante quadrillée

avec une phrase écrite, écriture enfantine

"Une erreur devient une faute, seulement quand on ne la corrige pas"

-C'est vous qui avez mis ça ?

-Chaque jour j'écris une phrase que je pose sur le comptoir, dit la patronne du café.

-Chaque jour ?

-Oui, pendant la journée, je pense à la phrase que j'écrirai le lendemain.

-Et la phrase de demain, vous la connaissez ?

-Oui, mais je ne la dis pas.

-Même si demain nous ne serons pas là ?

-"Des yeux pour regarder, des oreilles pour écouter, mais attention, surtout ne dis rien." Je l'ai écrite parce qu'ici, les langues sont acérées.

-Votre métier se passe bien ?

-Je suis là depuis quatre mois, c'est difficile parfois. Beaucoup de gitans catalans et espagnols. Ils ne s'entendent pas entre eux. Des bagarres sur la place quand ils viennent boire un verre, alors je ferme le café. Beaucoup de Rmistes ici, beaucoup de chômeurs. Difficile.

(25 juillet 2008)

Les melons   

Nos voisins cultivateurs de melons
d'aubergines rayées
de tomates roses et noires
envoient au champ leur fils Jean-Michel
avec sa bicyclette et son seau en plastic
pour nous couper cinq gros melons
à partager le soir avec des amis.
La femme aime l'eau ferrugineuse de Coursan
mais ne la ramène jamais chez elle
ça sent trop l'oeuf pourri.
Elle préfère la boire à la fontaine
même si maintenant c'est plus pareil
depuis qu'ils l'ont rendue moderne.
Le métier de cultivateur, c'est dur
mais la terre argileuse d'ici est bonne pour les melons.
Son père est né sur une barque à Montels
toute la famille s'y était réfugiée
lors d'une grande inondation.
Et son mari espagnol
cultivateur depuis trente-trois ans,
sa mère l'a mis au monde
accrochée à l'oranger
devant la porte de leur maison.
Un des deux coqs qui nous réveillent tôt le matin
boite
"Normal
chez nous les animaux meurent toujours de vieillesse
il restera vieux et boiteux !"

Au L.A.C

la fille de Piet Moget nous accueille.
Elle emballe les cinq melons
dans une serviette blanche et mouillée
pour les tenir au frais.
On lui rendra la serviette un jour de retour au pays !
La mer grise, la lumière
en grands carrés
sont entrées dans le Lac
avec la peinture de Piet Moget.
Il voudrait repasser sans cesse sur ses toiles
à l'insu des visiteurs,
comme le vent sur les Corbières,
comme le temps.
Le paysage change
et c'est toujours la même toile.
Piet aurait voulu n'en peindre qu'une,
et lui donner un autre éclat
à chaque jour de son travail.

A la garrigue haute de Sigean,

nous revenons filmer le troupeau d'éoliennes.

Le vent du nord nous traverse

balance une coccinelle

sur une tige de fenouil.

(Marc nous a dit que parfois

des nuées de coccinelles trimballées par le vent

échouent aux plages du littoral.)

 

Ne rien écrire,

écouter,

suivre Annette sur le chemin

qui relie Bages au lavoir le plus éloigné,

sec aujourd'hui.

Entourée de ses enfants

de ses arrière-petits-enfants,

elle grimpe la colline.

Elle est arrivée à Bages avec son mari espagnol

début des années cinquante.

Ils n'avaient rien.

Elle est devenue lavandière

la plus jeune.

Se lever à trois heures du matin

si on veut une place au lavoir du village.
Sinon partir au lavoir le plus éloigné
celui qui a trois bassins
un pour laver deux pour rincer
avec la charrette chargée de linge,
et parfois le bébé posé dessus.
Laver avec les autres femmes.
Un gros savon de Marseille,
la brosse,
premier lavage, rinçag
deuxième lavage, rinçage
et puis faire sécher les linge
sur le romarin la menthe poivréeça sent bon la garrigue !
Dans le vent de ce pays,
les draps sèchent très vite.
Revenir au village
éreintée d'avoir frotté frotté
battu battu avec le battoir
en cadence parfois avec les autres femmes.
Claude celui qui était enfant s'en rappelle :
les coups réguliers des battoirs
résonnaient dans les rues du village !
Petites lessives ou bien les grosses 
lorsqu'on lave les draps
qui ont servi parfois des mois.
Un homme vivait seul,
son drap de lin blanc entre les mains d'Annette,
il est rouge du sang de centaines de puces.
Et quand elle frotte avec la brosse,
l'eau devient écarlate.
En hiver,
rompre la glace à coups de battoirs
engelures au bout des doigts.
En été,
capeline grillagée pour les moustiques.
Dormir la nuit quatre heures à peine,
se lever, recommencer.
Un jour arrive la machine à laver,
Annette y lave dans les années 70
le linge de celles qui n'en ont pas.
Plus de vingt années aux lavoirs !
Non, elle ne regrette pas.
Le soir, c'est la fête chez Claude,
nous mangeons les melons.
Huîtres et moules de Gruissan,
poivrinade, flancs aux courgettes.
Le vent irrise l'eau.
Deux pêcheurs noyés jusqu'aux hanches
près des rives de Bages
attendent l'anguille
le poisson.
De l'autre côté de l'étang avalé par la nuit
la cathédrale de Narbonne luit
géante sans nef
veille
sur
toi.

(26 juillet 2008, merci à Piet et Laïla Moget, Claude, Annette, Cathy, Marion, les enfants... )

Un papillon de nuit rouge et vert

épave du matin au bord de la fenêtre.

Si court le temps passé ici.

Un jour j'irai au cimetière marin.

Au loin

j'ai aperçu

la Nadière

île minuscule

village sans respirations

y vivaient des familles de pêcheurs

Quand il y a une tempête

les vagues de l'étang

passent au-dessus de ta tête

recouvrent juste un instant

le toit de ta maison

le figuier

Une passerelle relie l'île à la terre

par tous les temps les enfants partent à l'école

Le sel ronge les derniers murs

C'est vain c'est vent

ce que tu vis ce que tu traces

vain vent

viens

viens

viens

que je t'enlace

tout passe

tout passe

et vain

et vent

chttt

(27 juillet)

 

 

écouter
texte lu par Laurence Vielle (2mn25)

Pierre Sansot
Emmanuel Darley
Claude Marti
Jean-Claude Forêt
Jacques Roubaud
• Laurence Vielle
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Christophe Delmond
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